Décès d’Henri Ughetto

Jan 31, 2011 | Art | 3 commentaires

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Photographie André Felix

L’artiste d’origine lyonnaise Henri Ughetto vient de nous quitter à l’âge de 70 ans.
Une disparition marquante dans le milieu de l’art lyonnais tant l’homme était le symbole d’une liberté d’expression.
Son œuvre est fortement marquée par un désir d’éternité dû essentiellement au traumatisme de son coma.
Il commence à peindre à 14 ans, puis tombe gravement malade à 22 ans. Les médecins le déclarent mort le 11 août 1963. Véritable miraculé de la vie, il devient fasciné par le sang et la décomposition du corps humain. Deux ans plus tard, il réalise son premier mannequin imputrescible recouvert de gouttes de sang.

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Abolissant les frontières entre la mort et la vie, son art est perturbant, intrigant, drôle et érotique à la fois. L’artiste fait scandale ou suscite l’admiration. Durant des décennies, il exposera aux yeux d’un public ébahi, ébloui, médusé ou scandalisé des mannequins imputrescibles sur lesquels sont accrochés des éléments organiques et aliments divers en plastique, œufs, légumes, fruits, et parsemés de gouttes de sang. Il comptait ces gouttes au fil des années et tenait une comptabilité quasi-obsessionnelle.

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Photographie Quentin Bourguignon. Courtesy galerie Françoise Souchaud

Extrait de “Que vice la mort” de Henri Ughetto où l’artiste parle de son travail :

” J’ai fait mon premier mannequin en 1945 âgé de 4 ans. C’était un mannequin de ma mère, couturière, sur lequel j’ai dessiné une dame avec des craies de couleur. J’ai réutilisé ce mannequin 20 ans après. Pendant 10 ans, j’ai peint, sculpté des œuvres où je me reconnais parfois (œufs et gouttes de sang peints en 1989-1960). Après une trépanation en 1963, je suis déclaré “mort clinique”, je reste dans le coma pendant un mois, un an d’amnésie avec un état délirant. J’ai fait mon deuxième mannequin en 1965 à 24 ans. Les premiers mannequins, peints en rose, étaient couverts de grosses gouttes de sang et d’objets de récupération, outils, poupées, crucifix, fleurs de cimetières… Ils étaient très agressifs et inesthétiques. Je peins les gouttes avec un rituel aidé par la comptabilité. Elle agit comme un métronome. Les gouttes fleurissent en étoiles pétales autour de centres : bout d’œuf ou téton du sein. Je m’arrête au nombre convenu, il m’est indispensable de compter les gouttes pour plusieurs raisons.
1 — pour m’encourager comme le facteur cheval comptant les 200 000 cailloux de son palais
2 — pour donner un rythme à l’acte de peindre
3 — pour faire le vide autour de moi et de mon acte
4 — pour me donner un chiffre, but à atteindre ou des limites à dépasser.”

Une dernière cérémonie en son honneur se déroulera au crématorium du cimetière de Lyon Guillotière, mardi 1er février, à 11 heures.

3 Commentaires

  1. fuente momo

    Merci pour cet article, ça me touche beaucoup, en tant qu’ amie d’ Henri Ughetto
    j’ aime bien votre oeuvre, que Félix est en train de me faire découvrir !

  2. laurent rene

    j ai bien connu henri dans les annees 1960 j ai quelques oeuvres de lui ( peintures sur toile decoupees avec des formes qui lui appartienne) j ai bien connu sa maman une personne extraordinaire de gentillesse

  3. VALET-HUGUET Renée

    La production des pièces uniques de Henri manquent. Aussi fortement que sa présence apsaisante dans les vernissages où il amenait, avec lenteur, sa grande curiosité et son extrême gentillesse.

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