Ouragan de colère et de violence autour de la photographie de l’américain Andres Serrano intitulée Piss Christ. Les controverses surgissent dès l’accrochage de la photographie à Avignon au cœur de l’exposition “Je crois aux miracles”, du fait que le mot Piss soit accolé à Christ.
Selon l’artiste, la photographie a été réalisée à l’aide d’un verre rempli de son urine et de son sang, dans lequel est immergé un petit crucifix en plastique. Il s’agit du réemploi d’une œuvre, d’un “objet banal”, d’art populaire destiné à la dévotion, selon Andres Serrano. Il donne ce titre explicite à sa photographie pour nous éclairer sur les conditions de sa réalisation.
“Mes titres ont un caractère littéral et sont tout bonnement descriptifs. Si je réalise un monochrome de lait ou de sang, j’appelle cela “lait” ou “sang”(…) J’ai pris un crucifix, car c’est un objet banal, en tout cas en Amérique. Si en faisant appel au sang, à l’urine, aux larmes, ma représentation déclenche des réactions, c’est aussi un moyen de rappeler à tout le monde par quelle horreur le Christ est passé”.
En avril 2011, une campagne de protestation est lancée par des mouvements catholiques intégristes proches de l’extrême droite qui jugent l’œuvre “blasphématoire” et exigent son retrait. Suite à cette campagne, l’hôtel de Caumont qui héberge la collection est harcelé et reçoit des menaces. Le 16 avril dernier, un millier de personnes défile dans les rues d’Avignon et le lendemain, le tirage de Piss Christ est vandalisé dans l’exposition par des individus armés de marteaux et d’objets contondants. Plusieurs gardiens qui tentaient de s’interposer sont agressés et menacés.
La photographie vient d’être restaurée et vient d’être accrochée de nouveau aux cimaises de l’exposition.
Andres Serrano a produit des œuvres similaires et qui n’ont pas provoqué de telles controverses, par exemple Madonna and Child II (1989), dont le sujet est lui aussi plongé dans l’urine, ou bien Heaven & Hell (1984) qui représente le pape avec une femme nue, attachée et en sang.
L’œuvre d’Andres Serrano est remplie d’images fortes et profondément choquantes, bien plus que ce petit objet en plastique plongé dans un verre d’urine. Alors pourquoi celle image datant de 1986, fait-elle autant réagir aujourd’hui ?
Décidément, les voies du seigneur sont impénétrables !

Exposition “Je crois aux miracles” jusqu’au 8 mai.
10 ans de la collection Lambert
Hôtel de Caumont. 5, rue Violette
04 90 16 56 20
www.collectionlambert.com