Depuis quelques jours, je travaille sur un tableau illustrant une chanson de Michèle Bernard.
Me voilà parti pour le portrait de cette “môme fagotée comme l’orage, fille du vent et du voyage…”. Elle avait au tout début les yeux noirs. J’ai préféré finalement une couleur transparente et verte. Son teint s’est éclairci peu à peu et j’ai mis ses cheveux en bataille. Après quelques heures de travail j’ai enfin pris du recul pour voir à quoi elle ressemblait après de multiples changements. Et là, surprise, je reconnais un visage connu ! Un visage de mon enfance, de mon adolescence qui ressurgit. Je reconnais Erica, qui fut mon petit orage à moi, un vent de fraîcheur dans la campagne forézienne… Il me resta à terminer le portrait avec des images plein la tête. Et me revient à l’esprit la joie d’être ensemble dès qu’on le désirait, la nature, les bois, la neige et la luge pour aller au collège, les printemps doux, l’herbe pour s’allonger et en respirer la fraîcheur sous l’œil du voisin et des insectes, les balades pour respirer l’air pur, les forêts sombres et humides de l’été, dormir dans le foin après l’avoir rentré, les éclats de rire… Quelques années plus tard, ce fut une amoureuse, qui ressemblait au vent, à l’orage et au voyage. Alors oui, ce portrait est bien ce personnage dont je cherchais une réalité quelque part.
Alors c’est ça, nous emmagasinons les images des êtres qui nous sont chers pour les retrouver un jour ?
La création serait-elle au service de nos souvenirs ?
Le subconscient nous aide-t-il à trouver un chemin ? Le bon ou le meilleur qui soit ?
Un petit signe qui s’envole vers toi, dans le creux d’un hiver à la source du souvenir…
Elle est ravissante, et malgré sa jeunesse, elle semble avoir déjà beaucoup vécu. Dans son regard se mêlent souffrance et sagesse, la maturité de ceux qui ont tout compris.
J’aime beaucoup cette idée que la création serait au service de nos souvenirs… C’est mon sentiment depuis que je peins, sans avoir jamais su le formuler aussi bien.