Il y a un an et quelques jours nous quittait le magnifique Laurent Terzieff. Son dernier rôle au théâtre fut celui de Philoctète. Jean-Pierre Siméon, qui a réécrit la pièce d’après Sophocle en pensant à lui dit avoir eu en tête “L’Homme qui chavire”, la sculpture de Giacometti. “Philoctète est une objection au néant”, écrit-il dans le texte de présentation.
Voici un extrait du texte qu’il joua, et qui résonne comme un échos à la vie qui s’en va…
Quand les mots collent de si près et si justement à la vie d’un comédien…

“…Surtout, ô Grecs, aimez et observez la religion: le reste meurt; elle ne meurt jamais”
Après avoir entendu ces paroles, je m’écriai: “Ô heureux jour, douce lumière, tu te montres enfin après tant d’années! Je t’obéis, je pars après avoir salué ces lieux. Adieu, cher antre. Adieu, nymphes de ces prés humides. Je n’entendrai plus le bruit sourd des vagues de cette mer. Adieu, rivage où tant de fois j’ai souffert les injures de l’air. Adieu, promontoire, où Echo répéta tant de fois mes gémissements. Adieu, douces fontaines qui me fûtes si amères. Adieu, ô terre de Lemnos, laisse-moi partir heureusement, puisque je vais où m’appelle la volonté des dieux et de mes amis.”