Finding Frida Kahlo, un livre qui nous retrace une belle histoire…
2004. Carlos et Leticia Noyola, antiquaires mexicains achètent à un avocat  5 valises et coffres ayant appartenu à Frida Kahlo. A l’intérieur, 1200 pièces d’archives ! Il tenait ce trésor inestimable de l’encadreur de l’artiste, à qui elle aurait légué ses biens. Journaux intimes, carnets de voyage, lettres d’amour, souvenirs d’enfance, dessins, peintures, photographies, livres annotés de la main de Frida, carnets de recettes, statues, oiseaux empaillés, bijoux, robes, tissus divers… Toute une vie, de son adolescence jusqu’à sa mort en 1954.

Le couple d’antiquaire s’occupa de faire authentifier leur découverte.
Barbara Levine, historienne de l’art installée au Mexique travaillant sur les archives personnelles et les photos privées rencontra le couple et vint rapidement  l’idée du livre. En septembre sortait Finding Frida Kahlo, Diaries, lettrers, Recipes, Notes, Stuffed Birds and Others Newly Discovered Keepsakes, un livre édité par Princeton Architectural Press.
Page après page, on déballe devant nos yeux ébahis les trésors cachés depuis tant d’années !

Mais, juste avant la parution du livre, une plainte est enregistrée au tribunal de Mexico. La presse s’empare de l’affaire et dénonce une gigantesque supercherie.
Un second livre, El laberinto de Frida Kahlo, muerte, dolor y ambivalencia. Cartas ilustradas, dibujos y notas íntimas, est également accusé de faussaire.
Deux ouvrages présentés comme officiels mais qui, selon les 15 experts qui les ont examinés, n’ont rien de vrai. Fautes d’orthographe, tableaux de qualité médiocre ou mauvaise… autant d’éléments qui laissent les spécialistes dubitatifs. Ces peintures, notes et dessins sont de la pure contrefaçon, inquiétant les universitaires car ces ouvrages comportant des informations inexactes risque d’infecter les études menées sur Frida Kahlo.
Aujourd’hui, entre 400 et 500 vrais-faux tableaux de Frida seraient en circulation dans le monde en raison de l’importance de la côte de l’artiste.
Son tableau Raices a été adjugé en 2006 à New York pour 5,6 millions de dollars, montant record pour une œuvre latino-américaine.

Comment ne pas être fasciné par cette entreprise de fabrication de fausses archives presonnelles ?
Comment s’y prend-on pour inventer des archives ? Comment rester dans le réalisme avec ces petits bouts de vie inventés.  Le choix des papiers vieillis, les objets d’une époque, les étoffes etc…
En tout cas, il a fallu aux faussaires une bonne connaissance de Frida, de son œuvre, et l’aimer profondément pour réinventer sa vie de cette façon là.
Les livres restent en vente, les experts n’ont pu étayer leurs accusations en l’absence de contact direct avec les objets présentés là.

De vraies valises, authentiques cette fois-ci, et authentifiées, ont été découvertes en 2007, murées dans une salle de bain dans la maison de Diego Rivera, comportant des objets personnels de Frida Kahlo. J’en ai vu une partie dans sa maison, la “casa azul” à Coyoacàn : de vraies photos d’identité, des articles de presse, de nombreux livres dédicacés par de grands hommes de l’époque, certains vêtements portés dans ses autoportraits, des dessins, des photos etc…
Emouvant pour le coup quand il s’agit de la réalité retrouvée !
Les faussaires ont sans doute profité de cette découverte pour imaginer d’autres objets à mettre sous nos yeux émerveillés…