Panne d’ordinateur depuis 8 jours…
Temps retrouvé pour lire, marcher dans la campagne enneigée, prendre mon temps, écrire avec un stylo sur du vrai papier, et envoyer par la poste des courriers non électroniques, temps de m’écouter, d’écouter les autres, le temps de vivre en somme.
Pendant ces 8 jours, il y a eut des choses que j’avais envie de partager ici, sans pouvoir le faire.
Mauvais début d’année pour la chanson, avec la perte de 2 astres, partis si tôt.
Ce matin, c’est Mano Solo, le chanteur de ses colères et de ses émotions, homme musicien, poète, dessinateur et peintre qui nous a quitté.
Le 1er janvier, peu avant minuit, c’est la chanteuse Lhasa qui a rejoint les anges. Père mexicain, et mère américaine, elle nous laisse 3 magnifiques albums (sortis en 10 ans), une voix unique, à la fois délicate et puissante. Avec mélancolie et joie mélangées, elle mariait les langues en chantant en espagnol, français et anglais pour dire l’errance, les feux qui brûlent sous la peau et ceux qui réchauffent, les grands espaces du dehors et du dedans, la fragilité de l’être et les beaux sentiments. Des mots qui sortaient de sa bouche en traversant son corps tout entier.
Emouvant de la voir chanter, une émotion restée intacte dans ma mémoire. Outre le superbe répertoire et son interprétation impeccable, il y avait les paroles dites entre 2 chansons, prononcées en douceur mot après mot, avec attention, face à un public silencieux pendu à ses lèvres. De beaux instants, magiques…
Ecoutons-la chanter et nous parler de sa voix à la fois rauque et douce…
J’oubliais, il a neigé pendant 40 heures après son départ, à Montréal où elle demeurait…
“La liberté se paye d’un linceul de regrets, mais ai-je vraiment eu tort. Tous les chemins ne mènent-ils pas à la mort.
Qui n’échangerait pas cent ans d’ennui contre trente-cinq ans de vie.
J’ai voulu voler, pas voulu marcher, voulu réchauffer ma couenne de papier.
J’ai joué avec le soleil qui m’a cramé les ailes, mais je l’ai vu de si près que peu de gens peuvent en dire autant.
J’ai vécu si fort que j’ai tué ce corps, fondu, désintégré en plein élan comme une statue éphémère en suspend dans l’air.
Les plus belles femmes du monde se sont penchées sur mon cas au moins 5 secondes.
J’ai été riche à millions de ces petits corps si mignons. Tout cet air dans mes poumons.
J’ai joué avec le soleil qui m’a cramé les ailes, mais je l’ai vu de si près que peu de gens peuvent en dire autant.
La liberté ou la mort, j’aurai eu les deux.
La liberté ou la mort, c’est mieux que de finir vieux.”
Mano Solo
JE SAIS PAS TROP
. . .
Comme tu le dis si bien. Deux astres partis si tôt. La musique est en deuil et nos coeurs aussi.
Lhasa … un nom comme un poème. Cinq petites lettres de rien du tout qui contenaient les voyages, les mots bleus, les maux noirs, une aile froissée et les deux a d’amour et d’absence.
Lorsqu’un être d’une sensibilité aussi extrême s’envole, c’est tout le monde de l’Art qui pleure d’un coeur unique.
Les rimes belles pleurent car la voix incomparable s’est éteinte à jamais.
J’ai le coeur froissé et l’âme lourde … parce que c’était elle … parce que c’est nous, les rêveurs solitaires qui avons perdu une émotion pure.
Merci de nous avoir fait revivre un instant de sa grâce.
Bien à toi.
Ta F.