Suite du défi de la semaine, une image et un texte…
JEUDI

frida

Elle s’appelait Frida et notait chaque matin dans un gros cahier ce que son cœur lui dictait, sans réfléchir. On trouvait là des citations, des textes courts et parfois longs, écrits à l’encre bleue, violette ou noire selon ses envies, des dizaines d’adjectifs alignés les uns derrière les autres, des dessins crayonnés, des gribouillis au feutre, des poèmes, quelques ratures, des photos de famille agrafées, des coupures de journaux collées, des graffitis, des soupirs, des sourires, des pages cousues, des aquarelles, des rêves en bleu et des espoirs en rose, une plume d’oiseau rare en guise de marque-page, des mots d’amour quand son cœur s’emballait, des petits mots, des gros mots, des mots doux, des mots troublés par une larme tombée là, des cœurs découpés en creux dans une page, des souvenirs de vacances épinglés, une tache de café, bref… tout un roman. En sept années écoulées, cet ouvrage improvisé avait considérablement grossi et reflétait sa vie, son être et tout ce qui faisait sa personnalité.
Et puis un jour, en l’ouvrant, son sang se glaça sous sa poitrine. Il n’y avait plus une page à l’intérieur ! Elles avaient disparues une à une et il ne restait que la couverture cartonnée. Sa vie couchée là jour après jour s’était mystérieusement volatilisée mais apparurent à la place deux images d’elle, face à face, comme un miroir. C’était comme si sa vie écrite s’était transformée en chair et en os photographique.
Elle referma alors le cahier et écrivit à l’encre rouge sur la couverture  “Les deux Frida”.

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