Le carnaval de Venise ouvre ses portes aujourd’hui pour plusieurs jours. L’occasion d’écrire un nouveau petit texte, accompagné d’une photo.
Il était temps d’emprunter une autre image pour se montrer à la face du monde. Un peu de tulle transparent sur un costume noir brodé de fils d’or, du taffetas couleur pourpre pour cacher sa chevelure, des plumes d’oiseau de Paradis, une cape de velours parsemée d’éclats d’étoiles, des gants de soie, un loup pour dissimuler ce qu’il faut d’un visage, un peu de rose sur les joues et de rouge sang sur les lèvres, Paolo sera bientôt un autre.
Ce jour de carnaval, il avait comme mission de trouver dans la foule vénitienne son jumeau d’adoption, son ami, son double, son confident. C’était un jeu que les deux complices s’étaient inventé. Ils avaient confectionné chacun de leur côté un costume à partir des mêmes éléments qu’ils avaient pris soin de choisir ensemble. Aujourd’hui, parmi les gens costumés qui déambulent dans la cité, ils devaient se reconnaître, uniquement à l’aide des tissus identiques.
Paolo avait écrit en blanc sur un papier rouge : “Chi trova un amico, trova un tesoro” et l’avait glissé dans la poche arrière de son pantalon. C’est ainsi qu’il partit à l’assaut des canaux, des places et des ruelles, à la recherche du trésor qu’était son ami. Son cœur battait un peu plus fort que d’habitude et ses yeux masqués dévisageaient chaque personne croisée, à la recherche des étoffes qui ressemblaient aux siennes. Il commença sa course devant l’église San Giacomo dell’Orio, en passant par la rue Colombo, la rue del Paradisio, puis il emprunta une gondole pour passer de l’autre côté de la rive et rejoindre le théâtre Goldoni puis celui de la Fenice, et continua vers la rue de Mandola… Aucuns vêtements, aucuns tissus ne ressemblaient aux siens, mais il espérait encore.
Dans les méandres de la ville qu’il connaissait comme sa poche, il cherchait son ami, son double, son confident.
Ils ne s’étaient jamais rencontrés auparavant…
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