Il était encore tôt ce matin là, et j’avais plutôt mal dormi. C’est le corps encore engourdi que je quittais la maison et le frais du matin me saisit un court instant. On ne savait pas si la végétation pleurait de la rosée du matin ou de la pluie de la veille.
Le chemin qui serpentait et m’emportait là-bas respirait le calme, le tranquille. Déjà.
Je sonnais à sa porte à l’heure convenue du rendez-vous et elle vint, le sourire aux lèvres. Quelques marches plus tard, nous étions dans son jardin. Elle le traversa lentement avec l’attention toute particulière de ceux qui savent observer chaque détail que la nature nous donne à voir. Son regard chercha quelles branches de rosiers allaient céder sous ses ciseaux. Après quelques hésitations, son choix se porta sur des petites roses, blanches et légèrement rosées. Parfaites. Bien ouvertes, avec quelques boutons prometteurs et des feuilles vertes frissonnantes sous l’humidité du ciel.
Sans doute engourdie par ce frais matin, elle se piqua en les couchant sur une chaise de jardin blanche en fer forgé.
“Oh… ce n’est rien…”
me dit-elle, “…l’habitude.” Avec ce doux accent qui lui fait rouler les “r” d’une manière délicieuse.
Sa vie est son jardin. Le jardin son métier. Son métier sa vie.
Je pense alors à ces vers d’Alfred de Musset : “La vie est une rose dont chaque pétale est une illusion et chaque épine une réalité.”

Je pris quelques photos comme il était prévu, de ses mains au travail, puis rentrais chez moi avec ces roses qu’elle m’offrit et un projet commun à réfléchir.
Il est des êtres qui parfois illuminent une journée.

Image © Christophe Renoux

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