“Attention, peinture toujours fraîche”

Déc 13, 2013 | Art, Frida Kahlo | 0 commentaires

J’en avais parlé ICI en 2011, et voici que cet excellent spectacle revient, en écho à l’exposition Frida Kahlo/Diego Rivera à l’Orangerie.
On peut re(voir) cette pièce jusqu’au 12 janvier 2014 au Théâtre Dejazet à Paris.
Ecrit, mis en scène et joué magnifiquement par Lupe Velez
L’homme de l’ombre et marionnettiste : Damien dos Santos

Théâtre Dejazet
, 41 Boulevard du Temple 75003 Paris
Réservations au 01 48 87 52 55

La critique par Yves-Alexandre Julien :

Un voyage dans lequel les tableaux de Frida Kahlo sont autant de fenêtres sur sa vie pour la rencontrer vraiment dans l’esprit et physiquement : c’est le pari gagné par Lupe Velez, cette artiste polymorphe qui, grâce à ce rôle, exhibe un talent singulier méritant d’être cheminé vers la célébrité.

INFOS PRATIQUES
Affiche du spectacle
Du 09/10/2013
au 12/01/2014

Du mardi au samedi à 20h, samedi et dimanche à 15h.
Déjazet
41, boulevard du Temple
75003 PARIS
Métro République
Tarif : De 20€ à 30€, tarif réduit 15€ / 18€. Billets jumelés : entrée en première catégorie au théâtre + entrée coupe-file au musée de l’Orangerie : 35€
Réservations :
01 48 87 52 55

Vaste morceau d’anthologie que celui qui raconte la vie de Frida Kahlo ! Cette femme artiste peintre mexicaine méritait bien que le quotidien ne se passe plus d’elle jusque dans nos échanges les plus mercantiles, en la faisant apparaître sur les billets de banque mexicains comme notre Delacroix billetisé à l’époque du franc.

Si les ignorants avaient l’intention de se passer de cette artiste peintre au parcours chaotique, la voilà en plus à l’affiche du Théâtre Dejazet, un lieu pour elle sauvé de la destruction par un vrai passionné Jean Bouquin qui, en 1976, pour son ami Coluche, prit en mains les destinées de ce lieu chargé d’histoire, unique rescapé des 52 théâtres du défunt “Boulevard du Crime” détruit par les grands travaux haussmanniens et qu’il a, sans subvention aucune, complètement restauré à l’identique (c’était devenu un supermarché !). Un lieu de caractère, comme Frida, nous laisse donc découvrir l’immense talent le la comédienne Lupe Velez que Jean Bouquin a encouragée pour monter cette pièce.

Frida Kahlo est une peintre mexicaine dont la vie artistique et sentimentale indissociable de l’œuvre de sa moitié Diego Riviera aura véritablement fait de son art pictural un langage du vivant immortalisé au musée du Prado à Madrid et à redécouvrir pour l’heure au musée de l’Orangerie à Paris.

Tous les moments, les bons comme les mauvais, transparaissent dans sa peinture parfois “hardcore” dans laquelle elle se représente saignante, torturée et parfois déchiquetée.

Qui peut toutefois bien appréhender cette peinture-là, loin de notre bien-être contemporain calfeutré et de notre génération insatiable d’exigence qui ne souffre pas tant que notre héroïne ? Car Frida Kahlo est une femme mexicaine des années vingt, une féministe, une militante communiste : tout un programme dont on perd vite la signification si on ne se met pas en visibilité du contexte historique dans lequel elle accouche de ses œuvres.

Si son époque osait s’affranchir de sujets tabous, pour que la peinture, la sculpture ou la littérature leur servent d’exutoire ; la nôtre sait respectablement redonner vie et honneur aux porteurs d’un combat et remettre des causes enfouies sur le tapis…

Cette pièce intitulée Frida Kahlo – Attention peinture fraîche écrite, mise en scène et interprétée par Lupe Velez transpire le mysticisme que la comédienne a ressenti dans la demeure de Frida Kahlo et Diego Riviera qu’elle a visitée à Coyoacan en avril 2013.

La ressemblance frappante de la comédienne avec son héroïne entérine cette ambiance un peu comme si l’âme de la plasticienne mexicaine était venue ravir par le corps et par l’esprit cette dramaturge passionnée par son œuvre, en tentant une réincarnation troublante.

La mise en scène et le jeu remarquable de Lupe Velez, comédienne et scénographe d’un hommage inoubliable à cette grande dame de la peinture mexicaine, atteint son point d’orgue dans une apothéose dans laquelle on l’admire s’envoler au terme du voyage théâtral en icone digne d’une mystérieuse assomption séraphique ou virginale dans les cimes éthérées d’un théâtre. Un théâtre dans lequel raisonnent encore le menuets du jeune Mozart et les opérettes de Jacques Offenbach.

Extraits :

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